Suivez les actualités : Newsletter
Parc de l’étuvée. © Orléans-Métropole.
La gestion écologique conçoit et met en œuvre des pratiques favorables à la biodiversité dans les espaces verts et espaces de nature en fonction de leurs typologies et de leurs usages. Ces bonnes pratiques sont-elles désormais complètement entrées dans les mœurs ? Où en est-on aujourd’hui ? Éléments de réponses avec la métropole d’Orléans.
La gestion écologique intègre à la fois la dimension paysagère et les préoccupations d'entretien pour s'adapter aux contraintes locales et aux usages, respecter la réglementation et adapter les espaces aux enjeux liés au changement climatique (îlots de chaleur, inondations...).
Elle passe, notamment, par l'économie de la ressource en eau, la préservation des sols, l’utilisation de méthodes alternatives aux pesticides et la conservation de la faune et de la flore. Elle comprend aussi l’utilisation de palettes végétales diversifiées avec l’utilisation d’espèces permettant, si possible, une conservation de la diversité génétique locale, et la plantation d’espèces moins locales mais mieux adaptées au changement climatique.
La gestion écologique s’attache également à la création de plantations composées de plusieurs strates (herbacée, arbustive, arborée, …) et d’une mosaïque d’habitats (pelouses, prairies, mares et noues, bosquets, boisements, ainsi que des refuges pour la petite faune grâce au maintien de bois morts, de fagots ou de nichoirs).
Enfin, la gestion écologique s’appuie sur l'implication des habitants. « Avec les premiers signes du changement climatique (sécheresses et canicules à répétition), on note peu à peu, tant chez les élus que chez les citoyens, une prise de conscience globale de l’importance de la préservation de la biodiversité et du développement et de la conservation des espaces verts ou de nature en ville », confirme Pierre Héry, responsable du Pôle expertise au sein du Service Ingénierie de l’Espace Public de la métropole d’Orléans.
Cependant beaucoup reste à faire et ce d’autant plus que les villes sont en perpétuel mouvement dans leurs aménagements. À titre indicatif, il faut s’attacher à systématiser les bilans annuels des plans d’action – qui orientent les pistes d’amélioration –, généraliser les cahiers techniques pour la conception des nouvelles plantations (prescriptions techniques en aménagement), les guides et plans de gestion pour favoriser un entretien raisonné, ou les inventaires de biodiversité communale (ABC ou IBC) – qui permettent, entre autres, de suivre les espèces remarquables comme la biodiversité ordinaire –, ajuster les temporalités d’intervention des chantiers aux périodes de nidifications de certains oiseaux et ainsi de suite.
Au quotidien, cela se traduit par un travail collectif réalisé avec de nombreux acteurs aux compétences complémentaires : espaces verts en régie ou externes in primis (paysagistes concepteurs, entreprises du paysage, services de gestion des espaces verts, chargés de biodiversité, …) mais aussi voirie, éclairage, mobilités, réseaux, assainissement. « C’est très enrichissant puisque chacun peut apporter sa pierre à l’édifice ainsi que son approche sur un projet pour arriver, in fine, à prendre en compte les différents usages et les enjeux de toutes les parties prenantes sur la préservation de la nature en ville », détaille Anne Trouillon, chargée de projets Biodiversité à la métropole d’Orléans. Une organisation structurelle qui suppose une collaboration de plus en plus étroite entre les services et nécessite des moyens humains et matériels conséquents avec des ressources toujours plus complexes à trouver. « Idéalement, il faut rassembler pour chaque projet tous les acteurs concernés : experts, futurs gestionnaires, usagers, et cela pour toutes les thématiques », précise ainsi Pierre Héry.
Face aux attentes renouvelées en termes de transitions écologique et énergétique, la gestion écologique se transforme dans une logique toujours plus durable et soutenable : organisation différenciée et raisonnée des strates végétales, désherbage manuel, renouvellement du parc arboré en diversifiant la palette végétale, gestion alternative des eaux pluviales, etc. Il s’agit aussi, via différentes manifestations comme Les 24h de la biodiversité de (dé)montrer aux élus l’importance du sujet aux yeux des citoyens pour les encourager à mettre en place des moyens et des dispositifs en faveur de sa protection.
Dans le cadre du développement d’un plan canopée dans la lignée des actions définies lors des Assises de la transition écologique de 2021 et votées par la Métropole en avril 2022, Pierre Héry identifie un défi majeur à savoir comment protéger le patrimoine arboré privé qui représente 80 à 90 % de la canopée urbaine. Par exemple, il faudrait sensibiliser les assureurs et leurs experts qui préconisent trop systématiquement l’abattage de toute végétation dès qu’apparaît une fissure sur des maisons à la suite d’épisodes de sécheresse. Or, la responsabilité des éléments ligneux sur ces dégâts n’est pas toujours évidente et d’autres solutions peuvent être envisagées pour les préserver telle que la mise en place de guides anti-racine.
Pour sa part, Anne Trouillon poursuit l’extension des inventaires de biodiversité communale à l’échelle des communes volontaires de la métropole. « À terme, toutes les opérations d’aménagements devraient avoir pour point de départ le diagnostic de la faune et de la flore, du fonctionnement des trames vertes et bleues et des usages. Ainsi, la mise en œuvre de la séquence ‘’éviter, réduire, compenser’’ (ERC), qui concerne l’évitement des impacts afin de préserver la biodiversité existante, sera effective », conclut-elle. La gestion écologique a encore de belles perspectives devant elle.
Le saviez-vous ?
À Orléans (45), deux sites sont labellisés Ecojardin : le parc de la fontaine de l’étuvée et le jardin des plantes. Un diagnostic de faune et de flore est par ailleurs en cours pour les cimetières pour viser la labélisation Ecojardin à horizon 2023. L’obtention du label a permis une prise de conscience des riverains et des élus. Il offre également une reconnaissance du travail effectué par les jardiniers et un soutien pour communiquer auprès des publics.
À gauche : Parc de l’étuvée. © Orléans-Métropole. À droite : Les méandres de la Sazée à Aviré. © VALHOR.
À Besançon (25), qui a remporté en 2018 le prix de la capitale française de la biodiversité, ce sont 12 sites qui sont actuellement labellisés Ecojardin. La ville a, notamment, repensé la place des pollinisateurs sauvages, modifié sa gestion des espèces exotiques envahissantes et œuvre plus particulièrement pour protéger les espèces menacées, comme l’Apron du Rhône ou le Lynx. Son objectif ? Concilier la préservation de la biodiversité et les différents usages des espaces de nature (production économique, déplacements, aménagement, prévention des risques, activités sportives ou culturelles…). Des chantiers participatifs et un vaste programme d’animation et d’éducation à la nature pour les habitants et les scolaires ont par ailleurs été mis en place.
1 L’Atlas de Biodiversité Communale, ou Inventaire de Biodiversité Communale en région Centre Val-de-Loire, répertorie le patrimoine naturel d’un territoire communal pour orienter ou affiner des projets de développement locaux : mise en place ou révision des documents d’urbanisme (PLUi, SCOT…), entretien des espaces communaux, déclinaison de la trame verte et bleue, projets d’aménagements touristiques, économiques ou urbains, sensibilisation des élus, techniciens et habitants, etc.
2 La métropole d’Orléans présente une grande diversité d’espèces typiques du Val-de-Loire comme le Castor, la Loutre, des tritons palmés mais aussi des rapaces, plus d’une dizaine d’espèces de chauve-souris et, en centre-ville, les sternes de Loire qui viennent nicher sur les bancs de sable de Loire.
3 En savoir plus : manifeste de la transition avec les engagements du territoire
Chargée d'études Écojardin pour Plante & Cité, Aurore Micand suit avec passion les évolutions du label depuis sa création. Elle rappelle en préambule que la gestion écologique ne se limite pas ou plus à l’arrêt des produits phytosanitaires, mais concerne également une gestion favorable à la biodiversité (faune et flore) et les interactions qu’elle génère. Revue de détails.
L’adéquation de la palette végétale aux spécificités d’un projet conditionne la durabilité de l‘aménagement.