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Le Parc de Clichy-Batignolles Martin Luther King, Paris (75). © VAL’HOR
La conception des espaces urbains et péri-urbains prend en compte aujourd’hui les enjeux liés à l’eau en intégrant les ouvrages de régulation et de gestion qualitative de l’eau dans l’espace paysager. Plutôt que d’accélérer l’évacuation de l’eau, on cherche maintenant à diminuer les écoulements au travers de différents aménagements comme les fossés et les noues. La noue végétalisée se différencie toutefois du fossé par son profil plus évasé et moins profond.
Avant toute étude, il convient de vérifier que l’ouvrage ne se situe pas dans une zone à infiltration règlementée (présence d’un captage à proximité), et de connaître la source de l’apport en eau : ruissellement, par canalisations ou drains.
La noue paysagère peut être aménagée différemment en fonction de la place disponible, de la quantité d’eau qu’elle devra contenir, de la perméabilité du terrain en place et de l’aspect recherché. Il s’agit surtout de définir si la noue doit retenir l’eau temporairement ou la conduire vers un exutoire artificiel ou naturel.
Il est recommandé de privilégier les pentes douces qui augmentent la zone d’échange terre-eau, idéale pour abriter une biodiversité. Dans ce cas, le trop-plein doit être prévu pour éviter les dommages aux biens et aux personnes situées en aval. Des cloisons peuvent être mises en place pour diminuer le débit et augmenter le volume de stockage dans le cas d’une forte pente.
Très concrètement, la noue se creuse simplement avec une pelleteuse ou une pelle mécanique.
Des précautions particulières sont à prendre pendant la mise en œuvre :
Le choix des essences s’effectue principalement parmi les espèces hygrophiles ou aquatiques.
Arbres et arbustes : saules, aulne glutineux, frêne, bourdaine, chêne pédonculé sur les secteurs les moins humide.
Prairies humides riches en éléments nutritifs : houlque laineuse, agrostide rampante, cardamine des prés, renoncule rampante, oseille des marais…
Prairies humides pauvres en éléments nutritifs : molinie bleue, agrostide des chiens, renoncule flammette…
Prairies à hautes herbes ou de berges régulièrement inondées, de bassins ou de noues, riches en matières nutritives : ortie dioïque, iris des marais, menthes aquatiques, salicaire, reine des prés, prêles roselières.
Bordures de plans d'eau : roseau, iris des marais, menthe aquatique, massette, carex…
La loi ne requiert aucune disposition de sécurité particulière. Les noues ne constituent pas a priori un danger pour la population puisqu’elles sont de faible profondeur et que leurs berges en pente douce permettent facilement de récupérer un objet ou une personne tombés à l’eau. De plus, elles ne sont sensées être en eau que de manière temporaire, lors de fortes pluies.
L’installation d’une végétation haute autour du fossé est une solution plus esthétique et plus économique que les barrières de sécurité. Un tressage en saule, une haie d’arbustes locaux, la fauche tardive des plantes de berges ou une roselière garderont les utilisateurs à distance de l’eau.
Des panneaux prévenant les usagers du remplissage des noues en cas de fortes pluies seront une précaution supplémentaire, particulièrement si la largeur de la noue varie et s’ouvre sur des zones plus larges type « bassins secs ».
Pour en savoir plus :
Guide des « Solutions alternatives pour une gestion durable des espaces végétalisés » de l’UNEP.
Fiche pratique « Biodiversité et gestion de l'eau à la parcelle : les noues et fossés » de Norpac.
Co-fondateur et co-gérant d’Agev Solutions dans le Maine-et-Loire, Matthieu le Meur fait aussi partie du groupe technique génie écologique de l’Unep. Spécialiste de la gestion intégrée des eaux pluviales, il maîtrise l’ensemble des techniques alternatives limitant le déversement des eaux en cas de variations brutales de débits et contribuant à préserver et à restaurer la biodiversité en milieu urbanisé. Matthieu Le Meur nous en dit plus sur cette activité en plein essor.