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Chargée de mission au sein de Plante & Cité, organisme de recherche et d’expérimentations, Pauline Laïlle revient sur les différentes études réalisées en la matière et sensibilise sur la nécessité de démocratiser l’accès à la nature en ville pour chacun.
De nombreuses études ont pour objectif de chiffrer les bienfaits du végétal sur la santé humaine. Par exemple, en comparant un échantillon de personnes vivant avec moins de 10 % de verdure autour de leur domicile à des personnes avec 90 % de verdure autour de leur domicile, des chercheurs hollandais ont constaté chez ces dernières une diminution des troubles anxieux (30%), de la dépression (-25%), de l’asthme (-23%), des infections pulmonaires (-20%), des douleurs dans le dos et la nuque (-15%), des céphalées (-15%)1. Par ailleurs, une étude menée dans 8 villes européennes montre que le risque pour une personne d’être obèse est inférieur de 40 % dans les quartiers les plus verts2. On explique cela notamment par l’activité physique que permettent ces espaces.
Bien sûr ! Les effets positifs de la nature sur notre psychologie sont de plus en plus démontrés à travers le monde. On commence à comprendre que le contact avec la nature est indispensable à notre équilibre. Cela se manifeste notamment par la diminution du stress ou de l’anxiété, mais aussi par l’augmentation de la vigueur psychologique ou de l’estime de soi. Les espaces verts favorisent également le lien social, dimension essentielle de notre santé. C’est pourquoi il est très important de mesurer les éventuelles inégalités entre les enfants. Il revient aux acteurs de la commune ou du département, publics ou privés, de démocratiser l’accès au végétal des enfants. La ville de Versailles a par exemple créé un poste de jardinier dédié à l’animation par le végétal dans les écoles.
C’est plus compliqué que cela. Il faut des espaces verts pour tous certes, mais surtout « un espace vert pour chacun », dans des endroits différents et respectant des critères de sécurité, d’accessibilité et de propreté. Les bienfaits du végétal sur la santé sont multiples, mais ils ne profitent pas à tous les individus de la même manière car on constate des différences sociologiques et économiques.
Les espaces verts sont en effet présents en majorité au sein de quartiers favorisés, creusant ainsi les inégalités. Dans le même temps, la végétalisation des quartiers a tendance à induire un phénomène de gentrification : les familles les plus pauvres laissent place aux familles les plus aisées... Le principe doit donc être celui de l’équité et de la justice environnementales.
Il faut accorder une attention particulière à la relation dose-effet pour les différentes catégories de population. Pour cela, il convient de se poser les questions suivantes : Est-ce que tous les habitants ont accès à des espaces verts, même les moins mobiles ? Existe-t-il des espaces dédiés à différents usages, tels que le sport, le jeu, la détente, la contemplation, l’échange ? Ces lieux sont-ils bien entretenus, sécurisants et bien connectés au tissu urbain ?
Il est important de mener cette démarche de manière globale pour ne pas accentuer d’éventuelles inégalités territoriales de santé.
Enfin, il faut limiter certains effets indésirables, comme la sur-fréquentation des espaces verts et de nature. Le conflit d’usage peut créer de nouveaux enjeux de sécurité, comme c’est parfois le cas avec les cyclistes et les piétons, et mettre en danger notre santé.
1 Maas, J., Verheij, R. A., de Vries, S., Spreeuwenberg, P., Schellevis, F. G., & Groenewegen, P. P. (2009). Morbidity is related to a green living environment. Journal of Epidemiology & Community Health, 63(12), 967973.
2 Ellaway A, Macintyre S, Bonnefoy X. Graffiti, greenery, and obesity in adults: secondary analysis of European cross sectional survey. BMJ 2005; 331: 611–612. bmj.38575.664549.F7
photo : Pauline Laille / © DR.