Saclay : un jardin de pluie argenté

Point de vue - Le 01 décembre 2022


Michael Toriel. © @EPA Paris-Saclay / Carlos Ayestas.

Michael Toriel. © @EPA Paris-Saclay / Carlos Ayestas.

Directeur des travaux de l’EPA Paris-Saclay, Michaël Toriel a piloté en tant que maître d’ouvrage le projet du jardin argenté situé sur le campus urbain de Paris-Saclay, dans le quartier Le Moulon à Gif-sur-Yvette (91), récompensé par une Victoire du Paysage en 2020. Il nous explique les particularités de cet aménagement.

 

En quoi ce jardin est-il atypique ?

Il repose sur un schéma progressif du déplacement de la goutte d’eau jusqu’aux rigoles historiques, alimentant initialement le château de Versailles, qui sont leur exutoire pour contrecarrer les risques d’inondation sur le plateau et en aval. Le jardin assure ainsi la gestion du bassin versant correspondant. C’est à la fois un lieu de rencontre et d’agrément du campus mutualisé (CentraleSupelec, IUT Orsay, futur Learning Center) qui relie, dans une grande diagonale symbolique, la future ligne 18 du Grand Paris Express au quartier étudiant. Il a été réalisé en creux à partir d’un existant privatif. Disposant d’une topologie particulière et d’un sol très peu perméable, c’est désormais un espace public d’1,3 hectare ouvert à tous les usagers.

 

Comment fonctionne-t-il ?

Le jardin se met en charge naturellement par gravité lors d’évènement pluvieux importants et s’inonde dans des cas exceptionnels, au-delà de la pluie vicennale. Autrement dit, le jardin lui-même est un bassin, il absorbe et régule l’eau à un débit très limité tout en restant accessible via une passerelle en surplomb et le quai voisin. Des travaux de recherche du Cerema ont mis en évidence que ce parti pris à ciel ouvert facilite l’entretien tout en permettant une forte évapotranspiration et infiltration. Finalement, la quantité d’eau rejetée dans le réseau public est minime. C’est par ailleurs un bénéfice très important pour la végétation puisque le jardin reste verdoyant toute l’année tandis que l’apport constant en eau favorise la croissance des plantations, dont de nombreux saules ayant fourni la colorimétrie principale du lieu. Cette strate végétale participe également au déploiement d’une biodiversité naturelle adaptée aux conditions écologiques du plateau.


Gif-sur-Yvette, jardin argenté inondé. © DR.

 

Comment s’insère-t-il dans un système hydraulique plus complexe ?

Le quartier du Moulon est une sorte de grand puzzle dans lequel chaque pièce de l’espace public dispose de son système de gestion des eaux pluviales : chaussées drainantes, noues végétalisées, bassins, voire systèmes enterrés le cas échéant…

 

Comment avez-vous travaillé à ce projet ?

En tant que maître d’ouvrage, nous nous appuyons systématiquement sur un binôme de concepteurs associant un paysagiste et un bureau d’études expert en calculs et dimensionnements. Ici, toute la force du paysagiste d’Ici Là paysages & territoires a été de dessiner un jardin en creux dans un espace qui, sans être un bassin, devait pouvoir recevoir des volumes donnés et constituer un lieu de rétention et de stockage des eaux. Il a donc travaillé le nivellement pour l’adapter en ce sens dans une forme la plus naturelle et qualitative possible. La qualité du résultat a dépassé nos espérances !

A lire aussi
Valenciennes et le végétal Laurent Degallaix, Maire de Valenciennes Point de vue - Le 30 novembre -1
« Toutes nos surfaces végétales sont pensées pour gérer l’eau de pluie ! » Frédéric Ségur, directeur Arbres et Paysage du Grand Lyon Point de vue - Le 23 janvier 2020
Le rôle de VALHOR, les professionnels du paysage et du végétal Benoit GANEM, Président de l'Interprofession VALHOR Point de vue - Le 30 novembre -1