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Laurent Chatelain. © Camy Verrier.
Laurent Chatelain a repris la pépinière familiale éponyme en 2011. Avec ses 100 hectares de production dans le Val d’Oise, l’entreprise est spécialisée dans les arbres fruitiers et les arbres d’exception. Elle commercialise ses végétaux auprès des professionnels (paysagistes, collectivités...) et auprès des particuliers, via sa jardinerie. Nous l’avons interrogé sur sa vision du développement du fruitier en ville...
L’entrée en vigueur du 0 phyto1 a levé un premier frein, décisif, à l’essor des fruitiers en milieu urbain. Sans traitements chimiques, les plantations sont, de fait, sécurisées : plus de risque pour un enfant d’ingérer des pesticides en croquant une pomme sur le chemin de l’école par exemple… Les collectivités se sont également rendu compte que les dégradations étaient, somme toute, très limitées et un second verrou a ainsi été rompu.
Parallèlement, l’enjeu de la consommation locale, associé à celui de la mise en valeur de variétés anciennes ou en voie de disparition, a donné un coup d’accélérateur aux conservatoires en général et aux vergers de conservation en particulier. Enfin, c’est typiquement le genre de cultures qui favorise la création de lien social par les interactions qu’elles génèrent.
On peut considérer qu’un verger urbain est constitué à partir d’une dizaine d’arbres2. En deçà ce sont plutôt des plantations éparses. L’idéal est de mélanger 3-4 variétés pour mieux attirer, entre autres, la faune aviaire et les insectes pollinisateurs. Il est aussi important de choisir des espèces adaptées au climat et reconnues pour leur résistance aux maladies et aux ravageurs. Le champ des possibles est phénoménal, on peut même avoir des fruitiers en hors sol dans des jardinières ! Une solution intéressante lorsque le terrain est asphalté ou bétonné pour l’essentiel… Attention cependant aux excès, il faut bien réaliser qu’un prunier mature peut produire jusqu’à 300 kg de fruits qu’il faudra ramasser sous peine de voir son trottoir transformé en patinoire... Autrement dit, oui aux fruitiers en pleine ville, mais pas nécessairement en pleine rue !
Il y a trois options possibles :
Les projets sont très variables selon les clients et les lieux. La ville de Beauvais a fait office de précurseur dans ce domaine en aménageant, il y a déjà une quinzaine d’années, un jardin fruitier autour de la cathédrale. À Paris, la municipalité a investi les cours d’école tandis qu’au château de Chambord, ce sont des pyramides de 26 pièces fruitières qui constituent aujourd’hui des alternatives aux cônes de buis3…
Plus que le type d’espace en soi, c’est globalement la nature des sols qui détermine les plantations avec, en corollaire, la surface que l’on peut leur consacrer et la rapidité de production : les plein vent par exemple nécessitent des espacements minimaux de 8 mètres entre chaque individu.
Pour les grandes tailles : cerisiers, pommiers, pruniers, poiriers. Pour les petites tailles : groseilliers, framboisiers, cassissiers…
À Chambord, des fruitiers en forme pyramidale. © Pépinières Chatelain.
La taille ne s’improvise pas même si, finalement, elle relève de beaucoup de bon sens. De notre côté, nous proposons des formations pour les professionnels, notamment lors de la fête annuelle des fruitiers, qui sont indispensables pour une bonne transmission des savoirs. Autrefois, les chefs de culture étaient réticents à les diffuser mais, heureusement, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Nous sommes même ravis d’accueillir les redoublants ! Si la compétence spécifique « fruitiers » était jusqu’à peu non essentielle aux jardiniers urbains, il est probable qu’elle le devienne à l’avenir.
1 Depuis le 1er janvier 2017.
2 Un verger de production comprend au moins une centaine d’arbres.
3 Les jardins-potagers de Chambord