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La directrice des parcs, jardins et paysages de la ville d’Angers, Fanny Maujean, insiste sur l’importance d’un dialogue basé sur la confiance entre maîtrise d’ouvrage et entreprises privées pour travailler efficacement, et en toute sécurité, en période de confinement.
Autour du 17 mars, nous avons immédiatement procédé à la mise en sécurité de nos chantiers. Comme nous ne savions pas combien de temps le confinement allait durer, nous avons tout fait pour éviter le vandalisme et les accidents dans ces lieux. Les entreprises n’ont pas déserté du jour au lendemain, bien au contraire, elles ont joué le jeu à nos côtés en pensant à la reprise.
Ce qu’il faut savoir, c’est que le duo maîtrise d’ouvrage et entreprise du paysage est un duo primordial. Sans maîtrise d’ouvrage, il ne se passe rien, et vice versa. De même la place du maître d’œuvre est aussi très importante, lorsque la maîtrise d’œuvre est externalisée. C’est pourquoi il était très important pour nous d’être à l’écoute de nos prestataires pour trouver des solutions, notamment en se basant sur les textes juridiques des marchés publics. En effet, les entreprises étaient perdues entre leurs procédures de chômage partiel, l’exécution de leurs marchés, les ordres de service de leurs maîtres d’œuvre ou maîtres d’ouvrage... Il faut suivre un protocole de l’achat public précis qui existe.
Dans l’idée qu’il fallait que la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre restent disponibles, j’ai maintenu dans les bureaux quelques agents pour « faire tourner la boutique » tandis que les conducteurs d’opérations et les chefs d’études et de travaux sont en télétravail. J’ai également réorganisé la surveillance ponctuelle des chantiers d’entretien et de travaux. Pendant tout ce process, nous n’avons jamais cessé de dialoguer avec les entreprises.
Oui, nous n’avons jamais arrêté le paiement des factures en cours ni annulé les commandes de végétaux, par exemple. Les entreprises avaient dans l’ensemble envie de reprendre, car les enjeux économiques sont très forts. C’était à nous, maîtres d’ouvrage, de nous débrouiller pour réunir toutes les conditions nécessaires à l’action des entreprises. Je n’ai pas eu une seule remarque d’entreprise se plaignant qu’on l’empêchait de reprendre les travaux !
Nous avons également revu tous nos calendriers, ce qui est en général très cadré juridiquement. Grâce aux prolongations de délai, nous allons pouvoir éviter les pénalités de retard pour les entreprises.
Enfin, nous n’avons pas stoppé non plus nos consultations d’entreprises privées pour les chantiers à venir mais au contraire prolongé les délais de consultation.
À Angers, la plupart des chantiers continuent pendant le confinement. © Fanny Maujean / Ville d’Angers.
De fait, nos activités n’ont jamais vraiment cessé à Angers. Certes, nous avons tous vécu une sorte d’arrêt le 17 mars au soir avec la nécessité de se réorganiser mais nous avons planifié très rapidement un point avec les entreprises pour voir si elles étaient en mesure de continuer ou contraintes de s’arrêter. Nous avons fait en fonction d’elles et avec elles ! Quand elles souhaitaient et avaient la possibilité de reprendre les travaux, nous nous sommes assurés de leur plan de continuité d’activités pour garantir la sécurité des opérateurs terrain. Nous avons également déterminé des priorités pour une même entreprise qui travaille avec nous sur plusieurs chantiers.
En résultat, entre les chantiers d’entretien et les travaux, il y a environ 50 chantiers en cours à Angers actuellement. Les seuls à l’arrêt sont ceux que les entreprises n’ont pas pu reprendre, ne pouvant mettre en place un plan de continuité et garantir la sécurité de leurs équipes...
Oui, c’est même indispensable, car même en deux semaines d’arrêt, les végétaux ont considérablement poussé ici... L’entretien est possible si les agents respectent les gestes barrières, les distanciations et portent bien un masque quand ils ne peuvent respecter la distance de sécurité.
La rigueur et la traçabilité est importante du côté de l’entreprise comme de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre. Le dialogue entre prestataire et commanditaire ne doit pas être rompu.
Les règles de la commande publique doivent quant à elles être connues car elles donnent de nombreuses possibilités pour être flexibles et cadrer les prestations même dans ces circonstances particulières.
Enfin, il s’agit de se donner les moyens de payer les services faits avant le 17 mars, puis de gérer le cas de reprise d’activités des entreprises, même si ce n’est pas toujours évident, car les collectivités n’ont pas toutes la même taille ni les mêmes moyens de continuité d’activités.
photo portrait Fanny Maujean : © DR.