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Marie-Angélique Baralle. © VALHOR.
« Le Code de Conduite est conçu pour être un outil vivant : il est régulièrement mis à jour en travaillant avec les professionnels de la filière pour suivre les évolutions de la réglementation et les nouvelles observations. »
En France, les professionnels de l’horticulture ont élaboré un Code de conduite, issu d’une démarche volontaire et pro-active depuis 2015. Cet outil complémentaire aux législations existantes permet aux professionnels de s’engager sur la problématique des PEE et propose la mise en place d’actions concrètes et de bonnes pratiques. Retour sur les enjeux de ce code et ses évolutions avec Marie-Angélique Baralle, Cheffe de projet Innovation et Développements scientifiques chez VALHOR.
Le Code de Conduite est un engagement volontaire des professionnels du secteur dans un outil opérationnel et concret concernant les plantes exotiques envahissantes. Il repose sur l’établissement de deux listes. La première est la liste de consensus, qui recense 69 espèces qu’il est souhaitable de ne plus voir produites, vendues, prescrites ou utilisées sur le territoire. Elles ont des impacts négatifs importants et reconnus, et ne présentent pas ou peu d’aspects positifs pour les utilisateurs. C’est par exemple le cas du Raisin d’Amérique, du Baccharis ou du Mimule tacheté. Afin de tenir informés les professionnels de l’évolution de la réglementation, cette liste inclut par défaut les espèces interdites par le règlement européen 1143/2014 ainsi que la réglementation française. Ensuite, La seconde liste est celle des plantes soumises à recommandation, qui comprend actuellement 14 plantes envahissantes ayant des impacts négatifs seulement dans certains milieux. Elles ont cependant des aspects positifs pour les utilisateurs et sont donc évaluées pour définir des conditions d’utilisation qui permettent de ne pas les diffuser dans le milieu naturel. Se trouvent dans cette liste des espèces telles que le buddléia, le rosier rugueux, l’érable négundo et le rhododendron pontique.
Rosier rugueux. © Pixabay.
Le Code de Conduite est conçu pour être un outil vivant : il est régulièrement mis à jour pour suivre les évolutions de la réglementation et les nouvelles observations. En Europe, la réglementation évolue tous les deux ans, et nous faisons de même au niveau national pour nous aligner avec ces changements. En plus de la réglementation, nous actualisons les listes de plantes interdites ou recommandées en fonction des nouvelles données scientifiques et des observations faites, notamment par les conservatoires botaniques nationaux (CBN) qui sont analysés et discutés au sein du groupe de travail interprofessionnel.
Le site internet dédié au Code de Conduite, appelé Code Plantes Envahissantes, inclut une cartographie des entreprises engagées. Cette carte permet aux utilisateurs de trouver des producteurs ou distributeurs qui respectent le code. Ils peuvent filtrer les résultats par département, profession, et autres critères. Cela est particulièrement utile pour les collectivités ou toute personne souhaitant acheter des plantes en s’assurant qu’elles ne sont pas envahissantes. Cette cartographie a été mise en place dès le début du code en 2015, et continue d’évoluer avec l’ajout des nouveaux acteurs.
Il prend en compte les évolutions climatiques en ajustant les listes de plantes en fonction des impacts observés et des caractéristiques des végétaux dans différents contextes. Nous avons deux listes : une liste de consensus pour les espèces interdites et une liste de recommandations pour celles dont l’utilisation est déconseillée dans certains contextes spécifiques. Les décisions d'inclure ou non une espèce dans ces listes sont basées sur des recherches bibliographiques internationales et des évaluations scientifiques des impacts, ainsi que sur l’expertise des professionnels du groupe de travail. Nous reconnaissons que certains végétaux peuvent avoir des impacts positifs dans certains environnements, et dans ce cas, ils sont placés sur la liste de recommandations avec des directives spécifiques pour limiter leurs effets négatifs.
Nous mettons actuellement un accent particulier sur les plantes aquatiques envahissantes, car elles peuvent altérer rapidement des milieux naturels riches en biodiversité. Nous travaillons à l'actualisation des listes pour mieux intégrer ces plantes et limiter leur impact. Cela inclut la révision des recommandations spécifiques concernant leur gestion et leur contrôle. L’objectif est d’améliorer leur prise en compte pour mieux protéger les écosystèmes aquatiques et sensibiliser les consommateurs sur l’importance de ne pas rejeter ces espèces dans les milieux naturels. Ces efforts font partie de notre engagement continu à ajuster et enrichir le code en fonction des besoins observés sur le terrain.
Invasion de Jussie en bord de rivière dans le Gard, été 2023. © Marie-Angélique Baralle.
D'une part, il leur permet d'anticiper les évolutions réglementaires, ce qui est crucial pour éviter les pertes économiques liées à des plantes qui seraient interdites. D'autre part, il reflète un engagement pour la protection de la biodiversité des professionnels, ce qui peut en plus être valorisé auprès des clients. En participant activement, les professionnels peuvent aussi contribuer à des échanges précieux sur les meilleures pratiques et les observations sur le terrain, ce qui enrichit les connaissances collectives et améliore la gestion des plantes envahissantes. Enfin, j’aimerais rappeler que le site internet du Code de Conduite est une ressource clé pour les professionnels et les collectivités. Il offre non seulement des informations sur les réglementations et les listes de plantes, mais aussi des outils de communication pour aider à promouvoir l'engagement dans la démarche.