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Magnolia en fleur, place Maurice-Saillant, Angers. © Ville d'Angers - Th. Bonnet.
En 2023, Angers conserve son titre de ville la plus verte de France pour la 4e édition consécutive1. Un classement qui récompense les efforts de la ville en matière de végétalisation, de préservation de la biodiversité et d’amélioration du cadre de vie des habitants.
Pourtant, pour relever le défi du végétal, la ville doit faire face à de nombreux enjeux. Mortalité précoce des arbres, changement climatique, diversification des espèces… Hélène Cruypenninck, adjointe au maire d’Angers en charge de l’environnement et de la nature en ville, aborde les différentes problématiques et les solutions possibles pour préserver le patrimoine végétal angevin.
La durée de vie des arbres en ville est malheureusement bien plus courte qu’en milieu naturel. En effet, contrairement aux arbres qui prospèrent dans les forêts, soumis aux rythmes naturels et à un environnement favorable, les arbres urbains sont confrontés à de multiples stress qui fragilisent leur santé et réduisent considérablement leur espérance de vie. D’une part, ils sont régulièrement exposés à des agressions qui altèrent leur structure et les affaiblissent : chantiers, sols tassés par la circulation, manque d’espace racinaire, etc. D’autre part, les changements climatiques constituent des défis majeurs pour leur développement, avec l’augmentation des températures, la multiplication des épisodes caniculaires et la raréfaction - ou la surabondance - des précipitations. Si l’impact de ces bouleversements est pour l’instant minime dans la ville d’Angers, des études sont actuellement menées pour savoir si la mortalité des arbres y est intrinsèquement corrélée. Enfin, l’un des gros enjeux pour les collectivités est la problématique de sécurisation du patrimoine arboré. Pour cause, des arbres que l’on pourrait laisser mourir naturellement en forêt doivent être abattus en ville s’ils présentent le moindre danger pour les citoyens. Je pense par exemple aux risques de chutes dans les cours d’école, cas dans lesquels on ne peut se permettre de prendre le moindre risque…
Face à ce constat alarmant, il est indispensable de mettre en œuvre des solutions concrètes pour garantir la pérennité des arbres en ville. La première étape consiste à choisir des essences adaptées aux conditions urbaines, robustes aux maladies et résistantes aux aléas climatiques. Lorsque l’on plante un arbre, on adopte une vision sur le long terme : il faut qu’il soit capable de résister au climat de demain et d’atteindre son espérance de vie en milieu urbain dense, soit 50 à 60 ans en moyenne pour les arbres de rues. Dans cette logique de résilience écologique, il est essentiel de diversifier les essences et de multiplier les agencements multistrates. En effet, la présence de différentes espèces permet une meilleure répartition des risques. Par ailleurs, au-delà de la simple préservation des arbres, maintenir une diversité floristique et la présence du végétal sous toutes ses formes est primordial pour l’ensemble de la biodiversité urbaine (faune et flore). À Angers, cette approche s’inscrit dans un plan global de végétalisation, qui a donné lieu à plusieurs initiatives, notamment la transformation de l’Avenue historique Jeanne d’Arc en parcours végétal, inauguré en 20182. À cet effet, 98 platanes malades ont été remplacés par des tilleuls et les nouveaux arbres ont été agrémentés de praires fleuries, fauchées une fois par an. En outre, les places Kennedy et Académie, situées à l’entrée de la ville, sont, elles aussi, en cours de réaménagement. 4 600 m² d’espaces plantés et perméables3 vont être créés à partir de 2025 avec pour objectif de rééquilibrer l’espace public au profit des piétons et du végétal : plantes vivaces, vergers agrémentés de graminées, plantations basses, etc.
Avenue Jeanne d’Arc à Angers. À gauche : avant son réaménagement en parcours végétal. À droite : transformée en parcours végétal depuis 2018. © Ville d'Angers - Th. Bonnet.
La ville d’Angers cultive depuis des siècles un lien étroit avec le végétal. Dès le règne du roi René d’Anjou au XVe siècle, l’adaptation d’essences méditerranéennes a marqué le début d’une longue tradition d’innovation et de dynamisme dans ce domaine. Aujourd’hui, la ville regroupe un ensemble unique d’acteurs de la filière du végétale (professionnels tels que les paysagistes, pépiniéristes et horticulteurs, établissements de formation, centres de recherche, etc.) qui jouent chacun un rôle clé dans l’expérimentation de nouvelles solutions et le développement des connaissances de nos écosystèmes. Grâce à une collaboration avec des paysagistes, des pépiniéristes et des phytosociologues, nous avons par exemple mené une expérimentation grandeur nature : la plantation d’une forêt urbaine en bordure du Parc Balzac. Composée de 46 013 arbres et 10 031 arbustes de 22 essences différentes, ce projet contribue à comprendre les interactions entre le sol, les végétaux et la flore spontanée afin de reproduire une dynamique naturelle de végétalisation. Une initiative qui illustre parfaitement l’importance d’un travail étroit avec les professionnels pour identifier les espèces les mieux adaptées au contexte urbain angevin, et adapter les techniques de plantation de végétaux diversifiés.
Premières plantations de la forêt urbaine du parc Balzac à Angers, réalisées à la main par les agents de la ville pour préserver l’intégrité du sol, aux côtés du maire Jean-Marc Verchère. © Ville d'Angers - Th. Bonnet.
1 Palmarès 2014, 2017, 2020 et 2023 de l’Observatoire des villes vertes, créé par les Entreprise du Paysage (UNEP).
2 La ville d’Angers a reçu la médaille d’argent des Victoires du paysage 2020 pour cet aménagement.
3 Sur un espace de 25 000 m²