« La gestion des déchets passe par une double approche curative et préventive. »

Point de vue - Le 19 avril 2021



© Jean-Pierre Guéneau.

Depuis le premier confinement, la pression d’usage a été décuplée sur les espaces publics, plébiscités à juste titre. L’occasion de revenir sur la problématique de la gestion des déchets avec Jean-Pierre Guéneau, directeur des Parcs et Jardins de la ville de Créteil, ancien président de l’association Hortis.

Pouvez-vous nous présenter brièvement les spécificités de la commune ?

Créteil est une ville de la seconde couronne parisienne qui s’est développée dans les années 1960-1970. C’est une ville très verte dont l’urbanisme de grands ensembles a, dès l’origine, pris en compte une circulation douce avec des passerelles et des échanges entre les quartiers dans ce qui est une préfiguration de la trame verte actuelle. Aujourd’hui, elle compte 95 000 habitants pour 205 ha d’espaces verts et se caractérise par une très grande mixité sociale.

Comment est géré le ramassage des déchets dans les espaces verts ?

Créteil fait partie, avec 15 autres villes, du Grand Paris Sud Est Avenir (secteur n°11). Les compétences liées à l’organisation de la propreté ont par conséquent été transférées à ce territoire. Concrètement, nous avons une partition d’intervention entre la propreté urbaine, qui gère tout ce qui est minéralisé (trottoirs, voies de circulation...), et la direction des espaces verts, qui s’occupe du nettoyage de tout ce qui est végétalisé avec, dans certains cas, des opérations conjointes. Au total, ce sont 30 à 35 cantonniers du territoire qui sont constamment en action pour conserver les espaces municipaux le plus propre possible avec des résultats probants globalement, même si quelques zones, minoritaires, peuvent poser problème.
Mes équipes se répartissent sur 18 secteurs. Les agents consacrent tous les jours la première heure de travail de leur journée au ramassage des déchets dans les espaces verts et qui sont de toute nature : emballages, nourriture, couches, encombrants…



© Jean-Pierre Guéneau.

Comment luttez-vous contre les incivilités, y a-t-il une responsabilité partagée avec les citoyens ?

Depuis quelques mois, nous disposons d’une application en ligne pour les signalements qui concernent essentiellement des faits courants et, malheureusement, récurrents. Cela nous permet de formaliser le traitement de nos actions et d’instaurer un dialogue plus direct avec les administrés.
Nous bénéficions également d’une équipe de gardes urbains (12 agents actuellement) qui interviennent sur l’ensemble des problèmes liés aux incivilités dans la ville et mènent différentes actions de médiation auprès des bailleurs sociaux notamment. Les enjeux de propreté et de sécurité sont intrinsèquement liés.

De votre point de vue, y a-t-il des bonnes pratiques en matière d’entretien des espaces verts pour « limiter les dégâts » dus à une fréquentation, même régulière, sans parler de la sur-fréquentation actuelle ?

Nous avons fait le choix politique de garder une régie très importante – 220 personnes – qui nous permet de garantir un niveau de réactivité et d’efficience inégalable. La présence continue de nos agents sur le terrain est un gage de qualité : la ville obtient chaque année depuis 1984 les « Quatre fleurs » au concours national des villes fleuries. Elle compte plus de 400 points de fleurissement dans tous les quartiers, même ceux réputés difficiles. Le beau appelle le respect et je pense que la clé consiste à ne pas laisser le dépérissement s’installer. Un seul mobilier abîmé suffit souvent à générer un sentiment de malpropreté, même si c’est très subjectif. Nous ne ménageons donc pas nos efforts pour améliorer le cadre de vie. Cela passe notamment par la mise en place de corbeilles adaptées en quantité et en qualité ou de containers enterrés dans les zones de majeure fréquentation des habitats collectifs (aires de jeux, de pique-nique etc.). Le matériel doit évoluer selon les modalités d’usage. Il faut tester ce qui convient le mieux et ne pas hésiter à changer son fusil d’épaule le cas échéant si la solution ne donne pas les résultats escomptés.
Nous avons aussi à cœur de mobiliser nos agents comme ambassadeurs pour faire évoluer les comportements. J’aimerais développer des formations ad hoc pour leur fournir les bons éléments de langage et contribuer ainsi au rapprochement avec les habitants.
L’action des conseils de quartier est aussi un élément important qui est à amplifier. Des initiatives citoyennes de gestion participative se mettent en place avec des opérations ponctuelles de ramassage ou d’appropriation des pieds d’arbre par les riverains par exemple. Nos métiers évoluent en conséquence !

Avez-vous la sensation que les épisodes de confinement aient un impact sur les dégradations ?

Ce que je peux dire, c’est que lors du premier confinement au printemps dernier, les zones de pelouse avaient fortement progressé jusqu’à devenir des zones quasi prairiales… Et que, lorsqu’on y a eu accès de nouveau, elles étaient fortement souillées.  Mais il est difficile d’en conclure que c’était là le fruit d’incivilités plutôt que de l’absence d’entretien. La problématique des jets de déchets depuis les appartements par exemple n’est hélas pas spécifique à cette période si particulière... Le plus important consiste sans doute à maintenir l’ensemble des espaces urbains accessibles, quels que soient leurs usages, leurs surfaces ou leurs pratiques, et à associer l’approche curative à celle préventive.

Pour mieux connaître HORTIS : www.hortis.fr