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Paysagiste concepteur, Michel Audouy, revient sur les meilleurs moyens que les élus peuvent mettre en œuvre pour bénéficier des apports du paysage et du végétal.
Le paysage et le végétal sont trop souvent considérés comme des variables d’ajustement et leur prise en compte n’intervient qu’en aval des projets. Or, tout aménagement expose le territoire à de graves dysfonctionnements s’il ne tient pas compte de sa physionomie, de ses mécanismes naturels et des habitudes de ses habitants.
Ces questions doivent donc être traitées en amont. Elles passent par l’intervention des paysagistes concepteurs, qui sont les garants du respect des grands principes naturels dont les villes se sont trop souvent affranchies.
C’est l’approche de l’ensemble de nos aménagements urbains qui doit aujourd’hui être revue, qu’il s’agisse de jardins, d’entrée de ville, de promenade ou encore d’axes de transports. C’est à travers la multiplication de ces infrastructures vertes que nos villes bénéficieront à grande échelle de leurs solutions naturelles : infiltration des eaux, rafraîchissement, filtrage de certains polluants atmosphériques…
Michel Audouy. © VALHOR / Sylvain Barthélémy.
Les élus peuvent agir à plusieurs échelles. Les documents d’urbanisme (ndlr : PADD, SCOT et PLU(i)) permettent de traduire l’ambition d’un territoire plus vert en stratégie d’aménagement. Plusieurs objectifs s’imposent au sein de ces outils pour répondre aux contraintes de notre écosystème et aux attentes des citoyens : limiter l’artificialisation des sols, réserver des surfaces minimums d’espaces vers dans tout projet d’aménagement, garantir l’accès à un espace vert à 300 mètres pour tout habitant… Le CESE préconise 30 % d’espaces végétalisés de pleine terre au sein de ces documents d’aménagement urbain.
La présence d’un paysagiste concepteur au moment de la rédaction des documents d’urbanisme est indispensable pour que ces préconisations soient prises en compte. La loi ELAN, dans son article 2, par son impact sur le code de l’urbanisme (art 441-4), l’encourage.
Les appels d’offre d’aménagements urbains donnent également aux élus la possibilité d’exiger la meilleure qualité environnementale, technique. Là aussi, les bons professionnels doivent être associés : un paysagiste concepteur dans l’équipe de maîtrise d’œuvre, des prestataires qualifiés et engagés en RSE pour les travaux et l’entretien des espaces verts ainsi que des producteurs de végétaux respectueux des normes environnementales et certifiés par un label.
Paysagistes, écologues, scientifiques, urbanistes, associatifs et élus sont en mesure d’imaginer ensemble une ville accueillante, durable et respectueuse de la biodiversité.
L’expérience nous l’a démontré : le coût des infrastructures vertes est bien inférieur à celui des réalisations minérales rendant des services limités et aboutissant aux dysfonctionnements de long terme que l’on connaît : saturation des canalisations, pollution des eaux et îlots de chaleur invivables.
Les élus qui font appel à nous le constatent : la capacité des professionnels du paysage et du végétal à s’assurer de la viabilité des projets et à les penser dans leur globalité permet de respecter les délais et de réaliser des économies qui peuvent être considérables. À l’échelle d’un territoire, une approche paysagère peut ainsi permettre de dépolluer les eaux en quelques années et de régler les problèmes récurrents d’inondation.
À moyen terme, les infrastructures végétales représentent plus un investissement rentable qu’un coût !
Le métier de paysagiste. Les services rendus par le végétal dans les communes.