À Troyes, une requalification exemplaire

Isabelle Héliot-Couronne, adjointe au maire de Troyes et référente du programme « Action Cœur de ville »
Point de vue - Le 15 octobre 2020


Adjointe au maire de Troyes, Isabelle Héliot-Couronne est aussi responsable de la Commission développement économique à la Région Grand Est. En charge des Finances, elle est la référente du programme « Action Cœur de ville ». Elle nous illustre ici les actions phares engagées autour du végétal.

Le jardin Juvénal © Carole Bell - Ville de Troyes
La ville de Troyes est engagée depuis plus de vingt ans dans différents plans de revalorisation, de l’Agenda 21 au plan de sauvegarde et de mise en valeur en passant par le plan local d’urbanisme. Dans ce contexte, quel levier représente le programme « Action cœur de ville » ?

Ce nouvel outil s’inscrit à la fois dans un contexte de repositionnement et de remise en lumière des villes moyennes et dans une logique de cohérence transversale et partenariale à l’échelle de la ville et de l’agglomération Troyes Champagne Métropole. C’est un atout 360° au service de l’attractivité de notre territoire qui a donné, en nous permettant de les prioriser, un coup d’accélérateur financier à la mise en œuvre de projets tenus en réserve jusqu’alors, tels que la requalification du quartier Turenne ou celle de la place de la Tour.


Le jardin Juvénal. © Carole Bell - Ville de Troyes.

Concrètement, comment s’exerce la revalorisation des espaces publics au sein du centre historique de la cité et quelle importance y revêt le végétal ?

Il faut commencer par rappeler que le projet de requalification du cœur de ville a été enclenché dès 1999, sous la férule de l’architecte urbaniste Jean-Michel Wilmotte1. Il s’est agi d’un projet très ambitieux qui s’appuyait sur la dimension symbolique et esthétique des espaces historiques. On ne peut en effet envisager le patrimoine troyen qu’autour de quatre dimensions indissociables : minérale, fluviale, végétale et… artistique ! Nous avons entièrement repensé les 137 ha du centre ancien, les façades se sont délestées des structures qui masquaient les pans de bois, les quais de Seine ont été réaménagés et, depuis 2011, l’eau est réapparue en dégageant les canaux comblés2. Enfin, des sculptures qui illustrent des scènes de vie ont été intégrées et contribuent à rendre vivant le centre-ville (dans tous les sens du terme). Aujourd’hui c’est plus de 50 % de l’espace public qui a été requalifié.
Pour ce qui est de la dimension végétale, auquel nous sommes très sensibles, notre leitmotiv a toujours été de maintenir notre densité de verdure en termes de fleurissement et de patrimoine arboré. Autrement dit, tout arbre coupé, pour quelque motif que ce soit, doit être remplacé… Et nos efforts portent leurs fruits. La ville a reçu en 2019 le label « Fleur d’or » de l’association Villes et villages fleuris3. Arriver sur ce podium, quand on connaît le nombre de ville qui participent au palmarès, est un élément différenciant des autres collectivités et gratifiant en ce qu’il récompense l’ensemble de notre démarche.


La Ribambelle joyeuse. © Olivier Gobert - Troyes La Champagne.

Les projets paysagers sont multiples et très diversifiés : parc des Moulins, écoquartier « Chaumondey-Tauxelles », voie verte des Viennes, jardins familiaux… Comment ces initiatives s’intègrent-elles les unes avec les autres dans le cadre de votre projet urbain global ?

La voie verte des Viennes mérite que l’on s’y attarde un instant car elle est le résultat d’une véritable mission de reconversion d’un projet avorté de tramway. Le maillage prévu a été réutilisé comme base d’un parcours qui relie les différents quartiers de la ville et a créé de nouvelles connexions entre des rues et des artères plus passantes. C’est un petit joyau où se mêlent l’eau, la verdure et l’aménagement de loisirs. La voie verte a aussi permis de valoriser les jardins ouvriers limitrophes. Les Troyens ne s’y sont pas trompés et la plébiscitent, surtout les weekends… !
Le parc des Moulins est aussi intéressant. Laissé à l’abandon pendant des années, il a été entièrement réaménagé avec l’aide de chantiers d’insertion, dans la continuité de la rénovation du quartier qui le jouxte. C’est un véritable parc urbain de 20 ha qui se développe au fur et à mesure : nous y avons ainsi installé l’année dernière des jeux d’eau pour que les enfants puissent se rafraîchir de manière ludique lors d’épisodes de forte chaleur. À la lumière de l’urgence climatique qui se fait de plus en plus prégnante – les températures ont largement dépassé les 40° cet été –, nous sommes fiers d’avoir porté et anticipé ces dispositions. Nous travaillons à les intensifier, notamment par le développement de nouveaux îlots de fraîcheur.
Tous ces projets s’adressent à des cibles très différentes les unes des autres mais vont tous dans le même sens, renforcer l’attractivité de notre ville, de son centre et de notre agglomération. Si certains d’entre eux s’inscrivent davantage dans une optique de bien-être, de cadre de vie ou de loisirs, d’autres se focalisent sur l’histoire de la ville et son ancrage qui en fait celle qu’elle est aujourd’hui.


1 www.wilmotte.fr/fr/projet/430/requalification-du-centre-ville
2 Historiquement, Troyes était parcourue d’un réseau de rus qui assumaient une grande importance économique, notamment pour l’industrie textile.
3 www.villes-et-villages-fleuris.com/les-communes-labelisees/parcs-et-jardins-troyes/3606

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