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Nantes. Parvis nord de la gare. © Phytolab.
Résilience, préservation de la biodiversité, bien-être des habitants… Repenser le végétal en ville s’impose comme un enjeu crucial pour faire face aux défis environnementaux et contribuer à la qualité de vie des citadins. Michel Le Borgne, référent pépinière VERDIR et Frédéric Ségur, conseil Arbre, Ville & Paysage, partagent quelques pistes de réflexion.
« Les plantes offrent des services écosystémiques précieux pour la ville, tels que l’aide à la gestion des circuits de l’eau ou encore la régulation du climat urbain. La palette végétale fait ainsi partie de l’espoir de vie des habitants et à ce titre, infrastructure verte robuste, elle doit être pérenne et fonctionnelle », affirme Michel Le Borgne. Pourtant, créer et maintenir le végétal en milieu urbain nécessite de surmonter plusieurs obstacles. L’une des difficultés majeures relève de l’artificialité des sols, souvent imperméables, pollués et dépourvus des éléments nutritifs nécessaires à la croissance des plantes. À cette problématique s’ajoutent des températures plus élevées et une sécheresse accrue par rapport aux zones rurales, ce qui limite le nombre d’espèces potentiellement viables au sein des villes. En outre, les activités et infrastructures urbaines (piétinement, tassement du sol, vandalisme, etc.) fragilisent les végétaux et peuvent entraver leur développement. Ces conditions exigeantes, davantage complexifiées par le réchauffement climatique, nécessitent une palette végétale beaucoup plus robuste. « Pour y parvenir, il est indispensable de bouleverser la hiérarchie des critères de choix des espèces. Longtemps guidé par l’esthétisme et l’appréciation des propriétés bénéfiques des plantes (cycle de l’eau verte, potentiel nourricier pour la faune, pouvoir dépolluant, etc.), ce choix doit désormais prioriser un critère unique : la capacité d’adaptation », explique Frédéric Ségur.
« S’il est primordial d’implanter des espèces capables de résister aux changements climatiques et de s’épanouir dans les conditions spécifiques à la vie urbaine, l’identification de telles espèces comporte nombre d’incertitudes », observe Frédéric Ségur. Miser sur la diversité végétale est alors indispensable pour pallier les risques liés à la fois aux aléas du climat, aux maladies et aux erreurs humaines. Selon Michel Le Borgne, « une palette diversifiée, tant en termes de strates – herbacées, arbustives et arborées – que d’espèces permet de prendre une assurance sur l’avenir ». L’enjeu est donc de réussir à composer intelligemment avec les flores locales et exotiques, qui doivent être considérées comme des entités complémentaires. En effet, l’introduction d’espèces exotiques provenant de régions aux climats similaires à ceux de demain peut s’avérer prometteuse, sous réserve d’un contrôle strict, notamment sur leur caractère invasif. La sélection des espèces s'inscrit alors dans un processus itératif et adaptatif : l'expérimentation, le suivi et l'apprentissage par l'observation sont essentiels pour identifier les plantes les mieux adaptées aux conditions spécifiques de chaque écosystème.
Auch. Square Jérôme Cuzin. © Ville d’Auch / Un pour cent Paysages.
D’après Frédéric Ségur, « le choix des végétaux doit être éclairé et adapté aux caractéristiques spécifiques de chaque site. Cela nécessite une collaboration entre tous les acteurs impliqués, des pépiniéristes aux prescripteurs, en passant par les utilisateurs finaux ». Un avis partagé par Michel Le Borgne, qui souligne que la réalisation des listes de plantes doit impérativement être confiée aux paysagistes-concepteurs : « il est crucial de se baser sur des listes singulières, afin de garantir la pérennité des plantations et leur capacité à répondre aux besoins futurs des habitants ». Au même titre, concevoir un paysage qui a le plus de chance d’être viable sur le long terme repose sur l’expertise des écologues. « Ils sont en mesure d’évaluer les conditions locales telles que la nature du sol, l’ensoleillement ou encore les contraintes spatiales », complète Michel Le Borgne. Pour relever le défi de la palette végétale urbaine de demain, il apparaît alors plus qu’essentiel de favoriser une synergie entre diversité végétale et connaissances approfondies des professionnels.
À gauche : Michel Le Borgne. © Pépinières Drappier. À droite : Frédéric Ségur. © Grand Lyon.
Pour en savoir plus, retrouvez ici l’intégralité de la journée Palette végétale urbaine 2024 : Palette végétale urbaine : retour sur la journée professionnelle - VALHOR