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Omniprésent dans le Sud-Ouest de la France, où sillonnant les routes, du Pays Basque à la Dordogne en passant par la Chalosse, on le rencontre, le Lagerstroemia indica orne les rues de nombreuses villes, ainsi que les jardins particuliers.
Appelé à tort lilas des Indes, cet arbrisseau au port élégant est originaire du sud-est de la Chine où il est cultivé depuis plus de 1600 ans.
Plante à forte symbolique culturelle dans ce pays, il y fut massivement planté sous la dynastie Song, qui correspond à notre Moyen Age ; de nombreux sujets datant de cette époque sont encore présents dans les parcs et avenues de villes chinoises.
Le Lagerstroemia fut introduit en Occident au XVIIIème siècle par le suédois Magnus Lagerström, directeur de la compagnie suédoise des Indes orientales, et fervent naturaliste qui collecta et achemina des graines et des spécimens de toute l’Asie.
Il fut baptisé ‘Lagerstroemia’ par son ami Carl Von Linné, éminent botaniste à l’origine de la nomenclature binomale (classe, genre, espèce, variété) des espèces vivantes.
On doit son introduction en France à Jean d’Esmartis-Laperche, ancien capitaine de navire et maire de Bergerac de 1792 à 1794, qui en planta plusieurs spécimens dans le domaine du château de Cavalerie.
Parallèlement, les Lagerstroemias sont expédiés aux États-Unis, à Charleston, où ils prospèrent, grâce à des conditions climatiques proches de leur région d’origine. Leur culture se développe rapidement et se diffuse jusqu’à la côte pacifique.
En France, il faudra attendre le début du XXème siècle et le travail de vulgarisation et de diffusion d’André Desmartis pépiniériste à Bergerac en Dordogne, qui se passionne pour la plante introduite par son ancêtre, pour que la culture du Lagerstroemia gagne progressivement tout le Sud-Ouest, puis la région méditerranéenne.
D’ailleurs, les pépinières Desmartis poursuivent aujourd’hui encore ce travail de sélection, et abritent depuis 1999 la collection nationale de Lagerstroemia labellisée CCVS.
Le Lagerstroemia indica est un grand arbuste de croissance modérée, qui peut être conduit en arbuste, en cépée, en tige, mais également palissé ou sculpté en différentes formes, grâce à la souplesse de ses rameaux.
Très apprécié pour sa floraison estivale prolongée en grands bouquets (thyrses) rouge, rose, mauve ou blancs, évoquant les fleurs de lilas, il reste décoratif en toutes saisons.
Les pétales des fleurs, vaporeux comme du crêpe, lui valent aussi le nom poétique de ‘mousseline’ et crape-myrtle en anglais.
En automne, son feuillage vert légèrement lustré prend des teintes flamboyantes, variant de l’orangé au rouge feu.
En hiver son architecture est sublimée par son écorce brun clair qui se détache en fines plaques, laissant apparaitre des plages de couleur grise à beige rosé.
Il affectionne les sols frais, bien drainés, riches en humus, et la chaleur, garante de floraisons abondantes et spectaculaires.
Réputé frileux, il peut en réalité supporter le froid hivernal jusqu’à -15°C à - 20°C lorsqu’il est suffisamment développé. Il est conseillé de le protéger les premières années dans les régions très froides.
Le travail de sélection de plusieurs pépinières, notamment sur la précocité de floraison, permet de proposer aujourd’hui des variétés qui fleurissent bien au nord de la Loire, comme :
des pépinières Desmartis :
de Christian Gaurrat, pépiniériste à Pau, qui a sélectionné des variétés précoces et très florifères, commercialisés sous la marque Indiya Charms :
de Jean Coulié, pépiniériste à Chasteaux :
D’autres variétés proposées par de nombreuses pépinières, sont plus adaptées à la culture dans les régions du sud, car ayant besoin de davantage de chaleur pour fleurir, comme :
Il n’est pas possible de citer ici toutes les variétés existantes, d’autant plus que certains pépiniéristes multiplient également leurs propres sélections, de façon plus confidentielle, et les commercialisent par couleur.
Depuis le début des années 2000, ASTREDHOR, l’institut technique de l’horticluture, a mesuré le formidable potentiel du Lagerstroemia, et a obtenu par le biais d’un programme d’hybridation sur sa station d’expérimentation du SCRADH, dans le Var, des variétés compactes, destinées à la culture en potées fleuries.
Enfin, sont apparues sur le marché ces dernières années des hybrides à feuillage pourpre foncé, intéressants pour les jeux de contrastes avec les fleurs. Ces derniers, originaires des États-Unis, nécessitent beaucoup de chaleur pour fleurir, leur plantation est à réserver aux régions du Sud.
Grâce à tous ces travaux, nous ne doutons pas que le Lagerstroemia, arbuste à la floraison généreuse, décoratif toute l’année, aux multiples formes et usages, deviendra à l’avenir une silhouette familière des parcs et jardins de toute la France.
Source : I. Betbeder, mars 2016