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Écoquartier de Volonne (04). © Marie Calmes.
L’Unep1 publie une étude économique réalisée par Astérès2 qui précise en volume les bienfaits apportés par les espaces verts, créateurs de valeur pour la santé et l’environnement, mais également d’un point de vue monétaire.
Des enseignements précieux à l’heure où les marges de manœuvre réduites en termes de budget rendent plus que jamais essentiels les éléments quantitatifs montrant le « retour sur investissement » des espaces verts.
Les espaces verts en milieu urbain offrent des avantages considérables pour la santé physique, mentale et cognitive. Ils contribuent, entre autres, à réduire le risque de mortalité, notamment lié aux maladies cardiovasculaires, à atténuer les effets des vagues de chaleur et à prévenir certaines affections chroniques comme le diabète de type 2.
Ainsi, en 2023, on estime que ces espaces ont permis de sauver 22 200 vies, contribuant ainsi à une baisse de 3 % de la mortalité. En outre, les espaces verts peuvent diminuer l'incidence de l'asthme chez les personnes vulnérables. Sur le plan psychique, ils améliorent la santé mentale en atténuant les symptômes de dépression et en réduisant les prescriptions d'antidépresseurs, surtout dans les zones densément arborées. Leurs effets bénéfiques sur la concentration et la mémoire sont également reconnus, en particulier chez les enfants. Enfin, les espaces verts favorisent un sommeil de meilleure qualité et influencent positivement certains facteurs de santé, tels que l'activité physique et l'indice de masse corporelle. L’étude menée par le cabinet Asterès complète d’autres travaux menés en France, notamment par Plante & Cité sur l’impact des expériences de nature sur la santé physique et mentale des citadins, objet de nombreuses publications.
« Les municipalités, ménages et copropriétés financent majoritairement les espaces verts sans en être les principaux bénéficiaires. Si ce décalage est typique des biens créant des externalités positives, il est toutefois intéressant de réfléchir à des incitations pour intégrer la valeur des services sanitaires et environnementaux des espaces verts. Ces incitations devraient viser non seulement les acteurs publics, mais aussi les entreprises et ménages, afin de mobiliser les terrains privés. »
Nicolas Bouzou, directeur du cabinet d’étude Asterès.
À droite : Allées Jean Jaurès à Montrouge (92). © Pena Paysages. À gauche : Parc Jules Ferry à Lorient (56). © K. Samborska.
Outre ses effets bénéfiques sur le plan sanitaire, la végétation urbaine se révèle un atout majeur pour l’environnement. Elle contribue d’une part à réduire l'effet d'îlot de chaleur, grâce à l'ombre qu'elle procure et au phénomène d’évapotranspiration. Des gains tangibles de 1° C à 3° C sont mesurés, d’après une observation menée dans plus de 600 villes européennes. D’autre part, le rôle des arbres est primordial : ils améliorent la qualité de l’air, en absorbant les polluants atmosphériques. Ils ont également une fonction dans la séquestration du carbone, avec une absorption moyenne de 14 kg de CO2 par arbre et par an, ce qui aide à baisser la concentration de CO2 dans l'atmosphère. Ils optimisent aussi l’infiltration et la rétention d'eau, aidant ainsi à contenir les risques d'inondation et à prévenir les sécheresses.
L’impact positif des espaces verts en 2023
Sur la santé des Français
22 200 vies sauvées
130 000 cas de diabète de type 2 évités chez les séniors
49 000 autres maladies chroniques évitées chez les séniors
95 000 traitements anti-dépresseurs évités chez les moins de 65 ans
1 500 cas d’asthme infantile évités grâce à l’amélioration de la qualité de l’airSur l’environnement local et la planète
20 Mt de CO2 : c’est le volume séquestré par les arbres urbains
-1,4 % de baisse moyenne de température dans les villes en période estivale
11 000 tonnes de polluants atmosphériques absorbées par les arbres urbainsSource : Étude Asterès pour l’Unep, L’impact des espaces verts en France, avril 2024.
Grâce aux bienfaits des espaces verts sur la santé, des dépenses et des pertes de production ont pu être évitées, pour un montant estimé à 524 millions d’euros en 2023. Ces économies se décomposent comme suit : 290 millions d’euros pour le diabète de type 2, 148 millions pour les traitements anti-dépresseurs et 86 millions pour les autres pathologies chroniques. L’Assurance maladie est le principal bénéficiaire, avec 408 millions d’euros en remboursements évités. L’étude a également estimé que grâce aux espaces verts, 1 million d’euros de dépenses pour l’asthme infantile a été évité, ainsi qu’une somme similaire pour les prises en charge médicales dues aux fortes chaleurs. Des impacts positifs qui pourraient être renforcés en exploitant pleinement le potentiel du végétal. Et pour cause, en augmentant la surface des espaces verts de 14 %, la valeur environnementale et sanitaire pourrait croître de 313 millions d’euros et sauver plus de 2 000 vies. Sur 72 villes étudiées, 43 présentent des surfaces d’espaces verts insuffisantes. En augmentant leurs étendues, il serait possible de stocker 3 millions de tonnes de CO2, d’absorber 1 700 tonnes de polluants, de réduire la température locale de 0,2 °C et d’éviter 24 400 problèmes de santé supplémentaires ! Cela générerait une valeur additionnelle significative, notamment 270 millions d’euros liés aux volumes des émissions de CO2 évitées.
« Pour nous, les enseignements de cette étude sont très clairs : la végétalisation des villes a un impact sanitaire, environnemental et socio-économique direct pour les Français, et nous pouvons, nous devons aller encore plus loin. [...] Les professionnels du paysage œuvrent au quotidien pour la végétalisation et la renaturation des villes, au cœur des territoires. Nous sommes une force vive de la transition écologique avec laquelle il va falloir compter ! »
Nicolas Leroy, président de la commission économique de l’Unep.
L’impact économique positif des espaces verts en 2023* s’élève à 2,3 Mds€ et se répartit ainsi :
447 M€ de dépenses en soins médicaux et hospitaliers évitées
75 M€ de pertes de production évitées pour les employeurs
1,8 Md€ : c’est le coût climatique mondial du CO2 stocké par les arbres urbains s’il était relâché dans l’atmosphère (coût d’une tonne de CO2 = 95 €)
Source : Étude Asterès pour l’UNEP, L’impact des espaces verts en France, avril 2024.
1 Union nationale des entreprises du paysage.
2 L’impact des espaces verts urbains en France, étude basée sur les données de 72 villes françaises, publiée en avril 2024.