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Le quartier sensible Saint-Cyprien à Poitiers (86) a été entièrement requalifié autour du végétal en 2014. © Victoires du Paysage/ DR.
Recourir en amont aux professionnels du paysage dans les projets d’aménagement est le gage d’une opération bien conçue et réussie. Forts de ce constat, les bailleurs sociaux sont de plus en plus demandeurs de conseils et d’accompagnement dans leur démarche de développement d’espaces verts et de conception d’espaces conviviaux autour du végétal, notamment dans les projets de résidentialisation.
Répondre conjointement à ces demandes par la promotion de la végétalisation est précisément l’un des objectifs de la convention qui réunit VAL’HOR et l’Union sociale pour l’habitat autour des bienfaits du végétal en ville depuis deux ans. De manière générale, depuis le Grenelle de l’environnement, inclure la conception d’aménagement paysager et/ou la végétalisation des espaces collectifs est devenu un élément clé dans les projets de réhabilitation et de rénovation urbaine, « une belle manière de redonner du sens dans des lieux où la notion de vivre-ensemble doit être revisitée », commente Philippe Feugère, paysagiste de Plaine Environnement, une entreprise spécialisée dans ce secteur. Cette collaboration multiforme entre bailleurs et paysagistes concerne en premier lieu les espaces publics. Par exemple, la ville de Poitiers (86) a entamé en 2014 avec l’agence de paysage Enet Dolowy Architecture la rénovation du quartier Saint-Cyprien, qualifié de « très sensible ». L’objectif : améliorer le quotidien et le confort des habitants. Outre la refonte totale du parc immobilier, les espaces publics ont été réaménagés pour redonner de la surface terrestre aux piétons. Une grande boucle verte a ainsi été créée, irriguant le quartier et connectant espaces verts, squares et jardins grâce à des voies de mobilités douces. Les zones autrefois délaissées ont ainsi été ravivées, favorisant les liens sociaux au sein du quartier.
Dans le quartier sensible de Saint-Cyprien à Poitiers (86), les zones autrefois délaissées ont été ravivées grâce au végétal, favorisant les liens sociaux entre habitants. © Victoires du Paysage/ DR.
À Pessac (33), le parc de l’éco-quartier Arago a été aménagé à la suite de la démolition d’une barre d’immeubles en 2016. Façonné sur le principe d’un bois habité, il allie esthétisme et fonctionnalité avec de nombreuses promenades odorantes, ensoleillées et végétalisées. L’endroit attire désormais les personnes en quête de tranquillité et d’une plus grande harmonie avec la nature et a ainsi permis de désenclaver le quartier.
Parallèlement, de nombreuses initiatives concernent le domaine privé ou semi-privé avec notamment la création de jardins partagés. Le plus souvent, le bailleur accompagne la démarche sur l’impulsion des habitants. Tel est le cas du square du Chaperon-Vert de 5000 m2, à Arcueil (94) rénové en 2016 par Opaly, afin de redonner de la vie à cet espace de jeux et de détente. Désormais, un jardin à partager ouvert et évolutif côtoie une aire de jeux, tandis que les pieds d’immeubles sont végétalisés. Cette démarche à haute qualité environnementale est fondée sur une gestion maîtrisée du développement du végétal.
Autre exemple à Rosny-sous-Bois (93) : comme l’explique Barbara Minet, chef d’agence départementale, « le jardin partagé en pied d’immeuble nous permet de valoriser des espaces verts existants mais peu qualifiés et permet aux locataires de se les approprier. Cet accès direct à un peu de verdure est l’occasion de sortir de chez soi et de parler avec les différents acteurs du quartier ». Ces activités sont complétées par des ateliers de jardinage (découverte de la flore, plantations et parrainage d’arbres, fleurissement des balcons, etc.). « Il y a quelque temps, j’ai été sollicité par un bailleur pour des conseils pour développer des jardins partagés et travailler de concert avec des écoles afin de monter des ateliers pédagogiques autour de la biodiversité en ville », témoigne Philippe Feugère. Enfin, de multiples animations ponctuelles lors de la Semaine du développement durable ou de la Semaine de l’innovation Hlm viennent renforcer ces initiatives riches de lien social.
L’engouement pour ces réalisations ne doit toutefois pas faire oublier qu’elles nécessitent une politique de rénovation urbaine, portée et soutenue par les habitants et les élus locaux, sans lesquels la valorisation proposée et mise en œuvre par les organismes Hlm et les paysagistes ne peut perdurer dans le temps.
L’éco-village du parc des Noés à Val-de-Reuil (27) illustre l’efficacité de ce travail collectif. Entièrement imaginé en prenant en compte sa proximité avec l’Eure, l’éco-village compte aujourd’hui une exploitation d’horticulture bio support de réinsertion sociale, un jardin de crèche et une frayère. Au-delà de la simple enceinte jardinée, le parc des Noés est un véritable espace extensif où le végétal évolue librement sous les yeux des résidents, qui y sont sensibilisés dès leur plus jeune âge.
Le parc des Noés à Val-de-Reuil (27) est un îlot de verdure et de tranquillité pour ses habitants. © Pierre-Yves Brunaud/Picturetank.
Une réussite qui implique un investissement économique et humain qui, couplé à une politique éducative, est indispensable pour améliorer de façon pérenne le cadre de vie des habitants.
FOCUS - Semaine de l’innovation Hlm : l’environnement au cœur de nombreux projets !
La Semaine de l’innovation Hlm est un rendez-vous citoyen organisé tous les ans par l’Union sociale pour l’habitat, pour parler du logement social et promouvoir la mission essentielle de solidarité nationale qu’il remplit dans notre société. L’édition 2019, soutenue par VAL’HOR, La Poste, La Banque Postale, Qualitel, GRDF et l’association NQT, s’est déroulée du 1er au 9 juin 2019 dans toutes les régions françaises, et a été l’occasion de valoriser les actions des organismes Hlm en faveur d’un habitat pensé pour ses habitants, et ce depuis la création du Mouvement Hlm. L’événement a aussi été une opportunité pour mettre en lumière des projets d’innovation environnementale, tels que P’Arc en Ciel mené par Nantes Métropole Habitat qui a réaménagé des espaces extérieurs de l’Île de Sein en étroite concertation avec les locataires ou la plantation de 32 000 bulbes de crocus sur le toit terrasse du Monoprix au pied d’une résidence sociale de Paris Habitat, permettant de récolter près de 200 grammes de safran ou encore de la première tour végétale à Nantes réalisée par le groupe CIF. Comme aime à le répéter Michel Audouy, secrétaire général de VAL’HOR, « le végétal est essentiel à la vie » et constitue un véritable levier d’innovation pour améliorer la qualité de vie des habitants.